Les anciens Chinois se fiaient énormément aux sens, à l’intuition notamment, pour comprendre la réalité. Ils se référaient beaucoup moins aux techniques et à l’intelligence scientifique.
Cette approche se retrouve en MTC et plus particulièrement dans le diagnostic, qui se pratiquait déjà bien avant la parution du Huang Di Nei Jing. A ce propos, on peut mentionner Bian Que (= revient), médecin personnel de l’Empereur à l’époque de la dynastie des Han, il y a env. 2000 ans.
Pour la petite histoire:
1ère consultation: Bian Que constate chez l’Empereur une maladie de la peau et des poils. L’Empereur, ne se sentant pas malade, n’y croit pas et refuse de se faire soigner.
2ème consultation : En observant les yeux de l’Empereur, Bian Que diagnostique une maladie des os et des tendons. Même réaction de l’Empereur.
3ème consultation : Bian Que constate que la maladie a progressé jusque dans les organes et qu’il est désormais trop tard pour la soigner. 3 jours plus tard, l’Empereur meurt.
Pour la MTC, qui ne s’appuie pas beaucoup sur les médiations technologiques, il est toujours possible de trouver des traces de l’affection si l’on est attentif, car tout ce qui se passe à l’intérieur du corps se manifeste à l’extérieur. Ainsi, contrairement à la MO où l’examen clinique ne peut se faire qu’à travers une objectivation de la maladie par radiographies ou scanners, etc. et où le rôle du médecin se trouve limité à la bonne interprétation des données techniques récoltées et devient par conséquent interchangeable, l’établissement du diagnostic en MTC dépend essentiellement de la qualité du travail et de la présence du praticien.
Dans le Huang Di Nei Jing, on parle déjà du diagnostic par le pouls (début/ 2 ou 3) sans pour autant identifier les 36 pouls existants. Exemple: Pouls très profond et faible lorsqu’une femme perd beaucoup de sang.
Par la suite, le diagnostic par le pouls s’est beaucoup développé, notamment en 1562 dans l’ouvrage « Mai Jing » où sont classifiés 36 pouls différents. Pour notre part, nous étudierons 28 sortes de pouls. Le « Mai Jing » décrit également les différents endroits du corps où il est possible de prendre le pouls. Pour les enfants de moins de 3 ans, par exemple, il est recommandé de le prendre sur l’index (car très Yang). Pour les personnes gravement malades, il est par contre préférable de le prendre sur le cou (carotides) car le pouls est trop faible pour être bien perçu sur les poignets. Enfin, pour les personnes paralysées, ce sera sur les chevilles (circulation du sang).
D’autres ouvrages très spécifiques ont été écrits concernant le diagnostic pour les femmes: règles (couleur, durée, etc.), grossesse, accouchements, etc. D’autres sur le diagnostic par la langue (il y a env. 600-800 ans).
Ainsi, le diagnostic, au cours de l’histoire, n’a fait que se complexifier par le cumul progressif des connaissances. La recherche sur ce sujet se poursuit bien sûr encore aujourd’hui.
Pour pouvoir poser un diagnostic qui soit correct, il est indispensable de connaître le présent du patient, mais également de récolter certaines informations sur son passé (ancienne maladie, maladie des parents, etc), qui pourraient notamment révéler la présence de certaines causes héréditaires. Certaines maladies, comme le cancer par exemple, trouvent souvent leur racine dans un passé plus ou moins lointain.
Il est donc important de consacrer du temps au patient, de le laisser s’exprimer afin de repérer les signes, les traces de la maladie. Il peut arriver aussi que certaines informations nécessaires au diagnostic soient transmises au praticien par d’autres biais que le patient lui-même (autres personnes, événement particulier, etc).
Chaque malade a un profil différent. Dire qu’un patient a un cancer n’est pas un diagnostic. Plusieurs personnes peuvent souffrir d’un cancer mais aucunes pour les mêmes raisons. De même, inversement, un malade de cancer et un malade du diabète peuvent parfois présenter le même diagnostic. L’important n’est donc pas tant le nom de la maladie mais ses causes.